Puis-je en faire plus?

Dans ce billet, notre blogueur invité, le psychologue clinicien Camillo Zacchia, réfléchit à cette tendance que nous avons à nous demander si nous en faisons assez. Il nous explique quels types de personnalités sont susceptibles d’être perturbés par ce sentiment d’insuffisance et nous donne des moyens de le gérer. Lisez ce qui suit pour apprendre à être satisfait de ce que vous accomplissez.

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Puis-je en faire plus?

Puis-je en faire plus? Cette question est le piège parfait.

Puis-je en faire plus pour aider mes parents? Puis-je mieux remplir ce mandat? Puis-je manger mieux? Des questions du genre, on peut en poser à l’infini, et la réponse est toujours la même : oui. Nous pouvons toujours faire plus ou faire mieux. Ça signifie que pour être capable d’arrêter de travailler sur un projet quelconque, il faut accepter cette réalité. C’est assez bon? Alors c’est parfait comme ça.

Mais qu’est-ce qui arrive à tous ceux qui ne peuvent pas se satisfaire d’un travail « assez bon »? Ils risquent d’avoir des problèmes. La question « Puis-je en faire plus? » leur laisse seulement deux options : soit ils sont déçus de ne pas avoir fait de leur mieux, soit ils déploient plus d’efforts. Mais même s’ils déploient plus d’efforts, la fameuse question, « Puis-je en faire plus? », demeure, et ils se retrouvent encore devant les deux mêmes options. C’est un cercle vicieux. Pour ces gens-là, tous les chemins mènent tôt ou tard à la déception.

Bien sûr, pour la plupart d’entre nous, ce n’est pas un gros problème. La majorité des gens se satisfont d’être assez bons. Ils reconnaissent qu’ils peuvent faire mieux (après tout, personne n’est parfait), mais ça ne les empêche pas d’être heureux de ce qu’ils ont accompli. Ces gens ne sont pas déçus. Mais la question « Puis-je en faire plus? » cause de graves problèmes à ceux qui ont beaucoup plus de difficulté à lâcher prise, et elle peut même les mener à l’épuisement. Deux groupes de personnes ont particulièrement de la difficulté à lâcher prise.

Les perfectionnistes

Certaines personnes semblent incapables d’être satisfaites tant que les choses ne sont pas parfaites : un travail qui semble bien fait a encore besoin d’être peaufiné, un bon repas a besoin d’une petite touche supplémentaire, jamais rien ne semble suffisant. On considère parfois ces gens comme perfectionnistes, ou difficiles à satisfaire. Il n’y a aucun doute que leur travail est généralement de très haute qualité. Le seul problème est qu’ils en sont rarement contents, même si tout le monde l’est.

Ceux qui se sentent coupables

Il existe un autre groupe : les personnes rongées par un sentiment de culpabilité. Ces personnes essaient toujours de faire plaisir aux autres d’abord et avant tout, qu’il s’agisse de leurs patrons, collègues ou amis ou des membres de leur famille. Plusieurs d’entre elles ont grandi auprès d’un parent à qui il était difficile de plaire, ou qui était très dépendant et demandait beaucoup d’attention et d’aide. Et maintenant, comme tous les gens autour d’eux ont des besoins, elles ne peuvent jamais chasser leur culpabilité. Ça signifierait décevoir les autres, les abandonner, ce qui n’est pas dans leur nature.

Pour les personnes perfectionnistes ou rongées par la culpabilité, la question « Puis-je en faire plus? » est donc un piège, parce que la réponse est toujours oui. Résultat : elles essaient d’en faire plus, et finissent justement presque toujours par trop en faire, ce qui peut les mener à l’épuisement ou encore à vouloir éviter totalement les gens ou les responsabilités. Tout ça devient trop exigeant, alors elles fuient et baissent carrément les bras.

Au fond, c’est comme si ces personnes attiraient ce qu’elles redoutaient : la quantité, la qualité, tout y est, mais elles finissent par se convaincre que ce ne sera pas assez, alors elles abandonnent. C’est ironique, car ça vient renforcer leur conviction de ne pas être « assez bonnes », puisqu’elles n’arrivent vraiment plus à rien achever.

Pour ces personnes qui ont de la difficulté à lâcher prise, la seule façon de se sortir de cette mer de déception est d’avoir conscience du piège qui accompagne la question « Puis-je en faire plus? ». En fait, ces personnes devraient plutôt se poser une question beaucoup plus pratique : « En ai-je fait beaucoup? » Elles n’ont qu’à comparer leurs indicateurs de rendement à ceux de collègues qui occupent le même poste. Est-ce qu’elles traitent autant de dossiers qu’eux? Est-ce qu’elles en font autant pour leurs parents que leurs frères et sœurs? Habituellement, la réponse à la question « En ai-je fait beaucoup? » est la même : oui. Mais au moins, répondre « oui » n’exige pas d’en faire davantage.

Quand notre logique nous dit que nous en avons fait beaucoup, et sans doute plus que la plupart des gens en auraient fait, nous devons nous forcer à nous arrêter. Nous pouvons éprouver un sentiment de malaise au départ, mais comme toute émotion, il s’effacera petit à petit. Il faut d’ailleurs lutter contre de tels sentiments, sans quoi, ils finissent par nous dominer. Au contraire, si nous les ignorons et les laissons s’estomper naturellement, ils perdront peu à peu leur emprise sur nous.

Bien sûr, sur le coup, ce ne sera pas forcément facile d’accepter que quelque chose d’assez bon est satisfaisant. Mais si vous résistez à l’envie d’en faire plus, vous en viendrez à vous dire que ça peut être assez bon... et très bien ainsi.

Dr. Zacchia est un psychologue clinicien qui se spécialise dans le traitement des troubles anxieux, de la dépression et des problèmes interpersonnels. Il a un blogue intitulé Psychospeak with Dr. Z ainsi qu’une chronique dans le Huffington Post.

Note de la rédaction : Ce billet a d’abord été publié sur le blogue Psychospeak with Dr. Z. Cette nouvelle version est plus détaillée.

Restez à l’affût du prochain article du Dr Zacchia, sur la santé mentale au travail.

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